Chansons et slam




Le clochard et la fleur

Lorsque je descendis cette nuit
La morne allée bordée de pommiers,
Un vieux torchon en guise d’habit,
Contraint à mendier pour subsister,

Je vis derrière l’arbre emprisonné
Près d’une poubelle de Paris
Une fine fleur qui s’étiolait
Dont les pétales me souriaient aussi.

Et lorsque je descends aujourd’hui
L’allée aux passants d’allure drôle
Qui méprisent la petite vie
D’un clochard qui s’endort dans les Halls,

Je vois l’essence dans une fiole
De la douce beauté infinie
D’une fine fleur qui s’étiole
Dont les pétales encore me sourient.

Lorsqu’enfin je descendrai demain
Comme à mon habitude cette rue,
Espérant qu’on me tende une main,
Une épaule pour m’appuyer dessus,

Je verrai à mon plus grand chagrin
La triste fin, la mort impromptue
De la fine fleur que j’aimais bien
Dont les pétales ne sourient plus.
22/05/2004


Le petit poisson

Un petit poisson
Seul sans sa maman
Perdu dans le grand
Dans le grand lagon

Versant une larme
Dans l’océan bleu
Versant une larme
Dans l’océan bleu
Sans défenses ni armes
Il était malheureux
Sans défenses ni armes
Il était malheureux

A cause de ses longs pleurs
Le niveau d’eau monta
Détruisant les villages
Noyant les villageois

Et le poisson qui nage
Cherchant sa maman
Et le poisson qui nage
Cherchant sa maman
Cherchant pendant des heures
Des heures durant
Cherchant pendant des heures
Des heures durant

Ne pouvant s’arrêter
S’arrêter de pleurer
En vint à transformer
L’eau en mer salée

Tant et tant qu’à la fin
Il se mit à flotter
Tant et tant qu’à la fin
Il se mit à flotter
Et ne plus pouvoir
Pouvoir respirer
Et ne plus pouvoir
Pouvoir respirer

Quand sa maman revint
Et aperçut son corps
Il n’y avait plus d’espoir
Petit poisson est mort
Il n’y avait plus d’espoir
Petit poisson est mort
Il n’y avait plus d’espoir
Petit poisson est mort
23/07/04


Un signe au village

Au village, enfant déjà, tu étais la plus belle ;
Gaie, et insouciante, tu volais sur
Chez toi, chaque geste, était l’envol d’un cygne,
Et chaque sourire une grâce.
Ton cœur encore n’était pas à prendre,
Car il appartenait au monde.

         Tu étais libre et belle,
         Et c’était bon pour toi.
         Tu étais libre et belle,
         Et c’était bon pour toi.

Plus tard on vint t’enlever, et tu étais consentante,
Car ta famille avait besoin d’argent.
Tu étais pauvre, mais pas amoureuse,
Pauvre, mais pas amoureuse.

En ce temps-là, je te laissai prendre par lâcheté,
Et tes yeux exprimaient le regret.
Tu étais triste et soumise,
Et le village avec toi était triste.

Alors aujourd’hui tu pars, et le cygne aux ailes brisées ne volera plus.
Aujourd’hui je te vois, tu pars, tu es belle et enchaînée.
Aujourd’hui, tu pars, tu es belle et enchaînée.
On t’a ôté à moi et demain tu ne seras plus,
Mais c’est ce qui est bon pour toi.
Pars, car c’est ce qui est bon pour toi,
Parce que je t’aime chérie, parce que je t’aime tant.
fin 2005, nouakchott


Nostalgie du ré

Astre du jour, œil de la nuit
Comme en Amour, les regards se fuient.
Un pétale pour chaque blessure ;
Lorsqu’on étale sur un cœur pur
Les sillages de nos larmes conjuguées
En hommage aux armes déposées.
L’air rendu lourd par tes sanglots
Résonne du jour où ton caveau
Abattit son couvercle sur notre amour
Qui vole en cercle est un vautour.
[2004, 2005, 2006, 2007 ?]


La princesse abandonnée

(sur l’air de « c’est une maison bleue… »)

Sur une terre lointaine
Vivait une douce princesse
Elle avait les yeux
Couleur océan
Et ses longs cheveux
Pendaient à ses flancs

De toute sa vie d’Eve
Elle n’avait connu d’Adam
Bien que tous ses rêves
Fussent peuplés sans trêve
Des étreintes brèves
De son prétendant

Lorsqu’il se présenta
Nu et blanc sur le rivage
Elle le recueillit
Défit son corsage
Fut un peu moins sage
Coucha dans son lit

Le lendemain matin
Reposant à ses côtés
Plus aucun marin
Non plus que de tendre
L’empreinte d’une main
Et d’un tas de cendre

Et la douce princesse
Appris bien à ses dépens
Qu’l’ardeur de l’amour
Etait éphémère
Et coulait en mer
Dès le petit jour



23 Février 07



Dans ma vie

Quand il entra dans ma vie
Je me fis la promesse
De quitter ma paresse
Et retrouver l’envie.

         R :         Seuls, main dans la main,
                  Fous, jusqu’à demain ;
                  Heureux, si Dieu le veut ;
                  Aimant, la vie à deux.

Quand il partagea ma vie
Je lui fis des caresses
Et déclamai sans cesse
Mille et une folies

         R

Quand il quitta ma vie
Je rompis ma promesse,
Recouvrai ma paresse
Doublée de nostalgie.

         R
Décembre 2007


Un air d'accordéon

Quand Artur arriva dans la ville,
il était déjà un peuplié ;
comme une feuille d'arbre ou de papier
qu'on aurait froissé, froissé, froissé...

Il rencontra les gens les plus vils
qui le traitèrent de tous les noms,
de "demi bonhomme" à "trublion".
Artur en peine souffrit de mouron.

Cependant, il aimait la musique.
Et il écoutait, passionné,
les musiciens inspirés
changer un pont vulgaire,
un toit terne ou une gouttière
en un spectacle magnifique.

Mais de tous les instruments,
à cordes, percussions,
à coulisse ou à vent,
celui qu'Artur préférait,
vous l'aurez deviné,
était l'accordéon.

Alors il oubliait volontiers
le dédain, les moqueries appuyées
et le regard des autres.
Oh, pas bien longtemps
voyez, à peine seulement
le temps de quelques notes.

On lui disait aussi
juste pour l'ennuyer :
"Tu défies la géométrie
avec ton corps de papier,

tu marches tout aplati,
le dos et les jambes groggy
par l'effet de la pesanteur."
C'étaient des gens sans coeur.

Touché par les remarques
il prit une décision.
Il dit : "C'est assez, je change !

Je veux être un monarque,
qu'on m'admire pour de bon :
aujourd'hui, je passe à la planche !"

Fort de son nouvel aspect
il voulut s'afficher.

Prouver aux passants insouciants,
aux lugubres, aux mécontents,
bref, aux bonnes gens de Paris,
qu'il était normal lui aussi.

Mais ceux qui mènent une vie plane
ne sont ni doux ni tendres,
et n'ont que faire à Paname
d'un si petit garçon
qui aimait à entendre
des airs d'accordéon.

Mu par son ambition
et un zeste de vengeance,
il exigea de la population
un peu de reconnaissance.

En dernier recours
il avait tout prévu.
Sa roue de secours :
se mettre bien en vue.

A tant vouloir en faire
il décida de quitter terre.
Et d'avoir été si fier
se changea en montgolfière.

Enflé de son succès
il s'envola au-dessus
des vieux parapluies,
des chapeaux distingués
et des pardessus
des galants et des dandy.

Il rêvait qu'on lui prête attention
et pour cela usa de tous ses tours.
En s'élevant, il épiait les ruelles.
Mais il avait oublié que de nos jours
plus personne ne lève le front
pour regarder le ciel.

La prétention dit-on,
si elle est mal placée,
fait gonfler les gens
qu'ils soient petits ou grands.
Et à moins de les percer
les transforme en ballons.

Qu'un fil fût fragile,
et ffuiit ! Le ballon s'envole.
Dans les airs, au-dessus des toits,
loin des regards narquois.

Résultat ? l'enfant au bout du fil,
rêvant de gloire et farandoles,
s'en alla tutoyer Icare et les nuages.
Alors Artur regretta le temps
où comme une vielle page,
une feuille d'arbre ou de papier,
il vivait paisiblement,
tout froissé, froissé, froissé...
11 de diciembre de 2007


Raquel

[Inspirado por la canción Raquel de Jorge Drexler]

Nunca mis ojos verán los tuyos acercarse.
Perdí tu cuerpo ; rompí tu taza de café.
No pasa nada, aunque me importabas
Más de lo que crees.

Eres mi alma, siempre te daré mi perdón.
Llevo la llama me quemando el corazón.
Busqué un sueño. Pensé compartir contigo
Un rayo de amor

Quatro caminos, un recuerdo olor de miel.
Hasta mi luto no querías quedarte fiel.
Te dí la rosa, melodía de guitara
Pa conquistar tu piel.

Oh, oh, oh... Raquel
22 Febrero 2008, Madrid


Daime

Eu quero agradecer
ao maior senhor
de ter aberto
a meu olho fechado

Eu quero felicitar
a todos meus irmãos
de me acompanhar
com seus corações

Eu quero decidir
a partir de agora
em plena consciência
do meu propio destino
Março 2009, Rio


Terra mãe

- Melodia de Sertaneja -

R
Na sombra de um árvore
sonhei que tinha asas.
Na sombra de um árvore
Voava nos nuvens.

C1
Vista de alto
a Terra é linda
verde e azul do mar.

Ela tem um brilho
maior do que o Sol
e radia de amor.

R

C2
O minha Terra
tenho saudade
de teu peito protetor.

O minha mãe
fala meu coração
só quero te amar.

Agosto 2009, Tharaux


Le chêne solitaire

R

Il y avait un jour
au milieu d'une clairière
aussi haut qu'une tour
un jeune et frais chêne vert.

Il ne comptait autour
de lui aucun compère
et lui même était sourd
au sens communautaire.

Fort de cet apanage
dominant tout le monde
il abreuva l'alpage
de toute sa faconde.

Vivant d'eau et d'adages
loin des sous-bois qui grondent
il narguait sans ambages
tous les arbres à la ronde.

"Il vaut mieux être seul
que mal accompagné.
Autrui est un écueil
à la félicité.

Laissons dans leur linceul
ces viles communautés.
Ils cultivent leur cercueil,
habitant la forêt."

R

Le concile des nuages,
un matin de bonne heure,
fomenta un orage
d'une puissante ardeur.

Lui qui se croyait sage
se mit à fondre en pleurs
car il était en marge
de ses frères et soeurs.

Les nues azuréennes
soudain se déchirèrent
et le jardin d'éden
laissa place à l'enfer.

Porteuses de toute la haine
du ciel et de la terre
des trombes diluviennes
s'abattirent de concert.

Il y avait dans le ciel
des gouttes de rosée,
des éclats arc-en-ciel,
de la poudre de fée.

On sait le sort cruel
des arbres isolés :
même Pantagruel
eût été calciné.

R

Les jours de mauvais temps
alors que la pluie tombe
et que le tonnerre gronde
l'éclair jaillit souvent.

Le malheureux, étant
enraciné au monde,
avait choisi sa tombe
parmi les fleurs des champs.

Son écorce était lourde
des gouttes de ses larmes,
ses plaintes étaient sourdes
et vaines ses palabres.

C'est alors que la foudre,
dans un joyeux vacarme
fit mine de se résoudre
et visa le grand arbre.

Il voulut mettre son corps
hors de toute portée.
Malgré tous ses efforts
il ne put pas bouger.

De son tragique sort
on peut bien rigoler
car il ne s'rait pas mort
s'il avait eu des pieds.
Il ne serait pas mort
s'il avait eu des pieds.

R

7 Décembre 2009




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